Conseils aux candidats

10 biais cognitifs qui affectent votre recherche d'emploi

Comment y échapper 

Toute personne amenée à prendre des décisions est soumise à des biais cognitifs, inconscients ou non, dont l’influence peut être déterminante.  

Nous ne vous referons pas l’article de dix biais cognitifs dont les recruteurs font preuve – nous le savons bien aujourd’hui, tout processus rationnel décisionnel est limité par un ensemble de contraintes, dont les biais psychologiques.  

Par contre, dans l’accompagnement de nos candidats, nous avons observé l’influence de ces mêmes biais cognitifs dans le processus de décision de candidats. Ces biais nous ont parfois conduits à revoir nos candidats plus vite que prévu (pour le meilleur bien souvent !).  

Les biais cognitifs : comment ils affectent les candidats

Les biais cognitifs sont des raccourcis mentaux que nous prenons inconsciemment lorsque nous traitons l’information. En tant que candidat, ces biais peuvent influencer la façon dont vous percevez les offres d’emploi et les entreprises. 

Le processus de recrutement n’est pas seulement une évaluation des candidats par les recruteurs, mais aussi une période au cours de laquelle les candidats peuvent être influencés par des biais cognitifs. Reconnaître ces biais est essentiel pour les candidats qui cherchent à maximiser leurs chances de réussite tout en restant objectifs. 

Ces biais cognitifs peuvent affecter les décisions du candidat à différentes étapes du recrutement, que ce soit lors de l’entretien, ou de l’offre, et peuvent être induite par les mots du recruteur ou par leur propre croyance.  

un homme confus à cause des biais cognitifs

#1 : L’effet de rareté

L’effet de rareté est la tendance à accorder une valeur excessive à ce qui est rare ou difficile à obtenir. 

C’est le coup classique du vendeur de voiture : « il ne me reste qu’un modèle en stock, après, plus de vue sur la production pour les deux années à venir ». Vrai ou faux, la rareté agit vigoureusement sur la valeur que nous attribuons aux choses.  

Et ça s’applique également au recrutement : « C’est une opportunité qui ne se présentera pas deux fois… » – « L’offre est valable 24 heures. Après cela, nous la transmettrons au second candidat de la shortlist ! ».  

L’effet de rareté peut vous inciter à saisir une opportunité rare sans tenir compte de la compatibilité avec votre profil. Cela peut vous conduire à accepter un emploi qui ne correspond pas à vos compétences ou à vos aspirations professionnelles, entraînant une insatisfaction au travail et un potentiel gâchis de temps et d’énergie. 

✅ Comment y échapper ?

Gardez votre objectif professionnel à l’esprit et concentrez-vous sur des opportunités qui correspondent à vos compétences, vos aspirations et vos objectifs.  

Attention, vous pouvez en effet tomber sur une opportunité exceptionnelle.  

Le principal est d’objectiver votre prise de décision : est-ce une entreprise que vous suivez régulièrement ? Ouvre-t-elle réellement rarement des fonctions ? Cette fonction qui s’ouvre enfin vous correspond-elle ?  

#2 : L’effet d’halo

L’effet d’Halo se produit lorsque des caractéristiques positives d’une personne ou d’une entreprise influencent la perception globale, masquant ainsi des aspects négatifs. C’est comme un masque qui cache les défauts.  

Je me rappelle encore récemment un candidat engagé dans l’un de nos processus. Il avait finalement accepté une autre proposition qui lui avait été rapidement formulé par une autre société. « C’est un rôle de Directeur Commercial  » m’indiquait-il. Un titre alléchant qui masquait la réalité derrière le rôle.  

Finalement, il n’était pas représentant au comité de direction, étant sous la houlette du Directeur Financier. Le portefeuille de solutions à proposer était maigre, son influence dans la société faible et les bonus promis étaient loin de la réalité.  

C’est une situation classique d’effet d’halo, notre candidat, ne percevant le poste qu’au travers du titre de fonction.  

On pense également aux candidats qui n’ont retenu que les bonus alléchants promis en entretien, les bureaux flambant neufs qui masquent la réalité d’un travail répétitif et dénué de sens ou encore le classique « c’est un grand groupe international » qui peut cacher de nombreuses réalités.  

Comment y échapper ?

Préparez des questions ouvertes ciblées pour vos différents échanges et n’hésitez pas à challenger votre interlocuteur quant aux bénéfices exposés dans l’offre d’emploi.  

#3 : Le biais de sympathie

Le biais de sympathie se produit lorsque les individus sont enclins à favoriser des personnes ou des choses avec lesquelles ils ont des affinités personnelles, des connexions émotionnelles ou des préférences. 

« Le travail d’un avocat constitue pour l’essentiel à rendre son client sympathique au jury ». On a tous connu le recruteur (ou manager !) très (trop ?) sympathique. Un large sourire, des petites blagues bien placées, une écoute sincère suffisent à vous convaincre de passer un entretien, alors que la fonction, elle, ne vous parle pas.  

Je me rappelle personnellement, en début de carrière, avoir rencontré un candidat que je jugeais excellent, d’autant plus que le contact avec été amical et transparent. Je l’avais rapidement référé  vers un client sans prendre le temps d’évaluer pleinement l’adéquation mutuelle. 

Il ne pouvait pas y avoir plus mauvais match. L’entretien avait tourné court et le feedback était négatif pour les deux parties. Les personnalités du candidat et du hiring manager étaient totalement différentes et les valeurs du candidat et de la société ne collaient pas. Nous basant sur notre sympathie réciproque, le candidat et moi-même avions foncé tête baissée vers un entretien client qui aurait pu être évité et faire gagner du temps à toutes les parties.  

Comment y échapper ?

Pour surmonter le biais de sympathie, il est essentiel de reconnaître que la priorité est de prendre des décisions qui correspondent à vos objectifs professionnels.  

Vous pouvez vous montrer reconnaissant envers ceux qui vous ont été sympathique, mais ne laissez pas cela dicter vos choix de carrière. Soyez honnête et respectueux lorsque vous exprimez vos besoins et vos objectifs. La plupart des gens qui vous apprécient souhaitent sincèrement que vous réussissiez, même si cela signifie prendre une autre voie que celle qu’ils avaient envisagée pour vous. 

#4 : L’engagement et la cohérence

C’est le fait de s’accrocher à une décision passée, même si elle n’a plus de sens. On veut tenir ses promesses, même si elles ne mènent nulle part. 

Vous vous êtes engagé·e dans un processus de recrutement et vous arrivez en dernière étape. Mais alors que le processus s’est écoulé, votre envie pour la fonction s’est essoufflée. Une fois l’offre reçue, vous ne vous voyez plus refuser.

Comment y échapper ?

Bon, même si c’est peut-être un peu tard, réfléchissez en amont. Il est plus facile de résister d’abord qu’ensuite. Vous pouvez alors tenter de vous projeter dans la fonction une fois le premier entretien passé. Parvenez-vous à vous y visualiser ? Les tâches sont-elles réellement en accord avec vos envies ? L’ambiance et l’atmosphère de travail correspondent-elles à vos attentes ?  

Et si malheureusement, vous vous rendez compte en fin de course que cette opportunité n’est pas faite pour vous, arrachez le pansement dès que possible. Alors oui, en tant que recruteurs, on a un peu mal au cœur mais on préfère vous voir refuser la proposition que quitter votre fonction dans le mois qui suit votre arrivée. Mais on vous remercie pour votre empathie. ❤️

#5 : L’effet Dunning-Kruger

L’effet Dunning-Kruger se manifeste lorsque des individus avec des compétences ou des connaissances limitées dans un domaine surestiment leurs capacités et croient être plus compétents qu’ils ne le sont en réalité.  

Surestimer vos compétences peut vous pousser à postuler pour des emplois auxquels vous n’êtes pas préparé, ce qui peut entraîner des échecs, une baisse de confiance en soi et des difficultés pour décrocher des opportunités appropriées. 

Attention, de nombreuses fonctions permettent d’apprendre en pratiquant. Il faut cependant se montrer réaliste vis-à-vis de ses connaissances et expériences.  

Comment y échapper ?  

Lisez soigneusement l’offre d’emploi. Lorsqu’un diplôme, une expérience précise, ou des connaissances techniques sont absolument nécessaires, prenez le temps de mesurer l’adéquation avec votre profil. C’est une première étape.  

Malheureusement, si vous êtes victime de ce biais, il se peut que vous ne vous montriez pas réaliste vis-à-vis de vos compétences. La meilleure solution est de solliciter l’avis de votre entourage, ou mieux, une personne compétente dans le domaine d’activité que vous convoitez. Il faut alors accepter la critique et l’utiliser pour vous améliorer et atteindre vos objectifs.  

Paradoxalement, en tant que recruteur, je vous conseille de faire preuve de culot si une ou deux cases ne sont pas cochées. Cependant, soyez honnête et humble lors de votre entretien. Il est inutile de prétendre maitriser tel ou tel domaine. Des échanges sincères nous permettent de déterminer si votre personnalité et vos soft skills pourront faire la balance. 

#6 : Le syndrome de l’imposteur

Le syndrome de l’imposteur se caractérise par le sentiment persistant de ne pas mériter son succès, malgré des preuves objectives du contraire. 

C’est un biais dangereux lorsque vous êtes en recherche d’emploi. Vous doutez de vos compétences, ne vous sentez jamais à la hauteur face à une description de fonction et en conséquence, vous ne postulez jamais aux fonctions qui vous font rêver.  

Cela peut également s’exprimer lors de vos entretiens, où vous avez une forte tendance à vous dévaloriser ou à diminuer vos succès. Et alors que vous pourriez être le candidat idéal, vous envoyez le message au recruteur que vous n’êtes pas la bonne personne pour cette fonction.  

Comment y échapper ?  

Rappelez-vous que ce sentiment est tout à fait normal. Même Madonna doute d’elle-même parfois.  

Bon, d’abord, vous n’êtes pas nul·le. Ce que vous avez réalisé, vous ne le devez qu’à vous-mêmes. Vous n’êtes pas arrivé·e là où vous êtes par hasard ou par chance. Et sur ce chemin, l’échec est clé car il vous permet de vous améliorer. C’est bateau, mais c’est vrai.  

Faites un bilan de vos réussites et acceptez que vous avez été acteur·trice de vos accomplissements. De la même manière, acceptez les éloges qui vous sont adressées. Les gens ne donnent pas de compliments pour le plaisir, ils le pensent sincèrement.  

#7 : Le biais de négativité

Le biais de négativité se manifeste par la tendance à accorder plus d’importance aux aspects négatifs qu’aux positifs. 

Une longue distance maison-travail, un moindre salaire, un horaire de travail variable, des locaux vieillots, … Il est naturel de considérer ces aspects négatifs lors de l’évaluation d’une opportunité d’emploi.  

Cependant, ces inconvénients peuvent vous empêcher d’évaluer objectivement les avantages d’une fonction. Vous prenez alors le risque de passer à côté d’une opportunité enrichissante pour votre carrière.  

Comment y échapper ?  

Il est important de les mettre en perspective par rapport aux avantages, aux opportunités de croissance, et à l’adéquation globale avec vos objectifs professionnels et personnels.  

Dressez la liste des avantages et des inconvénients de la fonction. Les éléments négatifs sont-ils moins importants à vos yeux que les éléments positifs ? Si ce n’est pas le cas, ces éléments peuvent-ils faire l’objet d’un changement ? Aucune entreprise n’est parfaite. Aucune fonction ne répond 100% à vos attentes. Mais vous pouvez être acteur d’une évolution.  

Sur les sites de rencontre, lorsque la photo est parfaite, la réalité est parfois différente. Si les éléments négatifs ne sont pas cachés au fond d’un placard, cela démontre que l’entreprise est objective et transparente.  

#8 : Le biais de statu quo

Le biais de statu quo se réfère à la tendance à préférer la stabilité actuelle par rapport au changement. On peut également parler de zone de confort.  

C’est ce petit nid douillet où vous vous trouvez depuis un certain temps.  

Il est confortable, mais ne réveille pas votre feu intérieur. Il peut également être insatisfaisant, mais le changement vous effraie. Vous ne voulez pas lâcher la proie pour l’ombre. Et c’est d’autant plus difficile lorsque votre employeur actuel vous fait régulièrement comprendre que vous êtes un élément essentiel de l’équipe.  

« Est-ce que je vais m’adapter à un nouvel environnement de travail ? Serai-je à la hauteur des défis que posent la fonction ? Comment sera l’équipe ? Et si je ne parvenais pas à m’intégrer ? » 

Se poser des questions, c’est normal. Se poser trop de questions, c’est contre-productif. Ces interrogations ne sont qu’une parade pour ne pas se lancer dans un nouveau challenge.  

✅ Comment y échapper ?  

Pour surmonter le biais de statu quo, il est essentiel de réfléchir à vos objectifs à long terme. Si votre situation actuelle vous empêche d’évoluer dans le sens que vous espérez, alors, le changement est inévitable.  

Soyez ouvert à l’idée que le changement peut apporter des avantages insoupçonnés. Consultez des professionnels en gestion de carrière, parlez à des mentors, et élaborez un plan pour surmonter ces craintes. Dans le cadre d’un processus de recrutement, le recruteur est également un conseiller important.  

#9 : Le biais d’ancrage

Le biais d’ancrage se produit lorsqu’une première information ou un « point d’ancrage » influence de manière disproportionnée nos décisions ultérieures. 

C’est surtout le cas lorsque vous consultez une offre d’emploi. Vous scannez l’annonce et vous vous focalisez sur certains éléments. Vous cherchez des mots clés spécifiques qui vous permettront de déterminer que cette fonction n’est pas faite pour vous. Et ainsi, vous passez d’une annonce à l’autre, suivant ce même schéma.  

Avec une première impression, vous déterminez qu’une opportunité n’est pas faite pour vous et décidez alors de ne pas postuler. Cela peut vous faire passer à côté de beaux challenges professionnels.  

Comment y échapper ?  

Même si vous avez des exigences, gardez l’esprit ouvert et considérez chaque fonction dans son ensemble.  

Vous devez également vous rappeler qu’une offre d’emploi n’est pas un descriptif de fonction. L’offre d’emploi ne présente qu’une partie de la fonction. Les informations clés concernant le poste vous seront données lors des entretiens.  

Alors, laissez vos premières impressions de côté et creusez. Vous pourriez être agréablement surpris.  

#10 : L’effet de répétition/ matraquage publicitaire

L’effet de répétition est un phénomène psychologique qui se manifeste lorsque les individus accordent davantage d’attention et d’importance à l’information qui leur est présentée de manière répétée.  

Dans le marketing, le matraquage publicitaire consiste à diffuser de manière répétée un message publicitaire pour influencer la perception et le comportement des consommateurs. De manière similaire, vous pouvez être plus enclin à postuler pour une entreprise populaire, dont vous entendez régulièrement parler que pour une entreprise avec une plus petite notoriété.  

J’ai dernièrement été en contact avec une jeune candidate, en recherche active d’emploi. Son CDD au sein d’une grande société de cosmétiques venait de prendre fin. Lorsque l’opportunité lui avait été proposée, elle n’a pas pu refuser. Cela sonnait comme une chance exceptionnelle. Mais la réalité fut toute autre : micro-management, agressivité, condescendance et ambiance toxique. 

Comment y échapper ?  

Lorsque vous êtes face à une opportunité dans une entreprise dont vous appréciez les produits/services ou dont vous entendez régulièrement parler, rappelez-vous que l’employeur n’est pas le vendeur.  

L’effet de répétition peut créer une impression positive de l’entreprise, mais il est essentiel de prendre du recul et de considérer l’opportunité de manière objective. Posez des questions pertinentes lors des entretiens, explorez la culture de l’entreprise, et assurez-vous que vos objectifs de carrière et vos valeurs personnelles s’alignent avec l’entreprise. 

Ne laissez plus les biais cognitifs affecter votre recherche d’emploi

En étant conscients de ces biais cognitifs et en prenant des mesures pour les atténuer, les candidats peuvent prendre des décisions plus éclairées et trouver l’opportunité qui correspond le mieux à leurs compétences, leurs aspirations et leurs valeurs. 

Même si chaque biais doit être appréhendé de façon différente, il n’est pas toujours évident d’identifier dans une situation X quel biais peut nous affecter.  

Voici quelques conseils généraux qui vous permettront d’objectiver vos décisions :  

  • Identifiez vos attentes et définissez vos objectifs à long terme  
  • Sollicitez des conseils et des retours d’information de différentes personnes
  • Faites preuve de transparence quant à votre expérience, vos compétences et vos réalisations 
  • Collectez des données objectives concernant les entreprises 
  • Prenez du recul et le temps de réfléchir

Déjouez vos biais cognitifs dès maintenant !

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